La France est la bête noire du Portugal. 1984, 2000, 2006: à trois reprises dans des matchs décisifs de grandes compétitions internationales, les coéquipiers de Platini, puis de Zidane, sont venus à bout des talentueux joueurs portugais. Dans la douleur…

Marseille, 23 juin 1984. Les gens qui n’ont pas connu cette époque peuvent difficilement se figurer ce que représentait cette demi-finale de l’Euro entre la France et le Portugal. La France du football, au début des années 80, c’était une France de « losers ». La championne du monde des matchs amicaux, pour reprendre une expression célèbre de nos voisins allemands. Glasgow et surtout Séville avaient laissé des traces indélébiles dans l’imaginaire collectif français.

Séville justement, deux ans plus tôt, Jean Tigana y était. Dans les vestiaires, après la défaite aux tirs aux buts face aux allemands, il avait été le témoin de l’écroulement psychologique et émotionnel de ses coéquipiers. Un vestiaire entier en larmes! Non, Jeannot ne voulait plus jamais revivre ça. Alors,ce 23 juin 1984, jour de son 29e anniversaire,  à une minute de la fin de la prolongation face au Portugal, le petit Marseillais est parti tout seul balle au pied, et à l’issue d’une longue chevauchée solitaire, il a centré en retrait pour son vieux complice, Michel Platini, délaissé au milieu de la surface portugaise. Platini, mal placé, n’a pas pu reprendre le ballon de volée. Il l’a tranquillement amorti, puis s’est retourné avant de crucifier les quatre joueurs portugais encore valides en cette fin de partie acharnée (3-2 pour la France).

La France a vaincu ses démons ce soir-là. La sélection dirigée par Michel Hidalgo est parvenue en finale de « son » Euro, et après le miracle de Marseille, plus rien n’aurait pu l’arrêter. Cette France championne d’Europe a ouvert la voie à la génération des Blanc, Deschamps et Zidane, une génération décomplexée qui a ensuite écrit sa propre histoire.

Les mauvais langues prétendent que le football est un sport qui se joue à 11 contre 11 et qu’à la fin, ce sont les Portugais qui perdent. De fait, la génération Zidane a fait tomber à deux reprises le Portugal, en demi-finale de l’Euro 2000 puis au même stade de la compétition six ans plus tard lors du Mondial allemand.

La génération Griezmann fera-t-elle aussi bien que ses glorieuses devancières ?

Patrick MORCELI